dimanche 30 décembre 2018

Calcul du rayon du soleil - cas de la Terre "plate"

Dans ce post, nous continuons l'étude mathématique du modèle de Terre plate qui est considéré ici.

Disclamer : Comme on l'a déjà vu, ce modèle est rapidement en forte contradiction avec les observations physiques (problème de conservation de longueur, vitesse du soleil...). Il n'a pour but de refaire le monde mais juste d'explorer cette hypothèse (mathématique) de façon ludique.

Préambule : ce post est de niveau collège. Il permet de voir la notion de taille apparente et mettre en application la trigonométrie du triangle.

Nous allons maintenant calculer la taille du soleil. Pour mémoire nous savons qu'il est à une distance de $D:=6330$ km de la Terre les jours des solstices d'été et d'hiver. On se place au dessous du soleil (à Assouan !) sur ce tropique du cancer à 12h. On est au point $A$.

La taille apparente (l'angle formé entre l'observateur et les points les plus extrêmes de la sphère observée) réelle du soleil est entre 31' 27'' et 32' 32''. Nous prendrons la valeur 32'. On convertit ensuite les 32 secondes en degrés en divisant par 60 (60 secondes = 1 degré). On a donc une taille apparente de 32/60 degrés. On prendra alors $\alpha:=0,5$ degrés $=0,5 \times \pi /180 \simeq 0,872\, 10^{-3}$ radians.

On note par $r$ le rayon du Soleil.


Pour des raisons d'échelle, $\alpha$ n'a pas la valeur $0.5$ sur le dessin illustratif.

On a que les triangles $ACO$ et $ADO$ sont rectangles en $C$ et $D$ respectivement, car les droites $(AC)$ et $(AD)$ sont tangentes au cercle "Soleil". On a $r=OB=OC=OD$ et $R=AB$.

On a donc $\sin(\alpha/2)= r/(r+D)$. Le rayon du soleil est alors de :
\[r=\frac{\sin(\alpha/2)D}{1- \sin(\alpha/2)}\simeq 27 km.\]


samedi 29 décembre 2018

Eratosthènes et théorie de la Terre plate

Dans les posts précédents, pour calculer le rayon de la Terre, nous avions étudié deux cas. Le premier était soumis aux hypothèses : La Terre est ronde et les rayons du soleil sont parallèles (expérience classique d'Eratosthènes). Dans le deuxième nous avions supposés : La Terre est ronde et les rayons du soleil sont presque parallèles (le soleil est très loin).

Nous allons maintenant plongé dans le côté obscur le temps d'un post et expliquer les conséquences de l'expérience d'Eratothènes sous l'hypothèse d'une Terre plate.

Disclamer : ceci est un jeu mathématique et ne prétend pas se substituer à des siècles d'astronomie et de physique.

En $A$ se trouve Syène (aujourd'hui Assouan en Egypte). Le jour du solstice d'été à 12h, le soleil est à la verticale de la ville (car elle se trouve sur le tropique du Cancer). Il le sait car il éclaire le fond du puit.

En $B$ à la base de la bibliothèque d'Alexandrie (certains disent un bâton mais ils n'ont aucun sens du romanesque). Il était par ailleurs à la tête de la bibliothèque. $B'$ est le haut de la tour. $B''$ est l'ombre de la haut de la tour sur la Terre.

En $S$ se trouve le soleil.



Le triangle $B''AS$ est rectangle en $A$, $BA = 800$ km et l'angle $\alpha:= \widehat{BB'B''}= \widehat{B''SA}$. L'estimation de la hauteur de la tour sera prise à $100$ m.

On a donc $AB'' = 800,1$ km et donc $SA = AB''/ \tan(7.2)\simeq 6330$ km.

Maintenant comme le soleil est à la perpendiculaire de tropique du cancer pendant le solstice d'été et que l'on peut répéter l'expérience d'Eratosthènes en tout point $A$ de tropique.  On en déduit que :

1) Lors du solstice d'été, le soleil se déplace juste au dessus du tropique du cancer et est à distance d'environ $6330$ km. 

En répétant cette expérience durant le solstice d'été on en déduit la version duale suivante :

2) Lors du solstice d'hiver, le soleil se déplace juste au dessus du tropique du capricorne et est à distance d'environ $6330$ km. 

Nous arrivons alors sur un premier fait étrange. La vitesse du soleil dépend de la saison.

Pour voir cela, on se réfère par exemple à la carte suivante, c'est à dire que l'on suppose que le centre de la Terre est au pôle nord (comme le font beaucoup de "théoricien de la Terre plate"...).


Carte issue du site.

Tout d'abord, comme les tropiques sont sur les 23 ème parallèle, on calcule facilement que la distance (sphérique et donc physique...) du pole nord au tropique du cancer est d'environ $(90-23)\times 6400\pi / 180 \simeq 7 484$ km et d'environ $(90+23)\times 6400\pi / 180 \simeq 12 622$ km entre le pôle nord et le tropique du capricorne.

Cela veut dire que le jour du solstice d'été, le soleil fait $7 484 \times 2\pi$ km en $24$ h, c'est-à-dire du  $1 960$ km/h. Cependant, le jour du solstice d'hiver, le soleil fait $12 622\times 2\pi$ en $24$ h, c'est-à-dire du $3 304$ km/h. On en déduit

3) Le soleil est 68% plus rapide pendant le solstice d'hiver que pendant le solstice d'été.

Attention Une première preuve que la Terre n'est pas plate est bien cette différence de la circonférence des deux tropiques !

Conclusion : Même si le soleil est plus 68% rapide pendant le solstice d'hiver, la durée du jour est la quasiment la même sur le tropique du cancer le 21 juin, soit 13h 37min 39s pour Assouan (Egypte) et 13h 34min 41s pour Rockhampton (Australie) qui se trouve à peu près sur le tropique du capricorne le jour du solstice d'hiver. Source.




lundi 3 décembre 2018

Sur les équivalents


Tout d'abord on passe en revu le critère pratique. Si $f$ et $g$ ne s'annulent pas dans un voisinage de $x_0$ alors on pourrait faire toute la théorie et montrer que c'est aussi une relation d'équivalence. Ici nous voulons aller plus loin. 




En manipulant le quotient, on arrive à une version équivalente qui ne nécessite pas de diviser par $g$. C'est celle-ci que nous allons prendre dans le cas général.




On commence la preuve pour montrer que la relation d'équivalence est bien une relation d'équivalence (réflexif, symétrique, transitif) 







Cela conclue la preuve et montre que nous avons bien une relation d'équivalence.




Voici le premier piège sur les équivalents. Si une fonction est équivalente à $0$, la fonction nulle, alors elle est localement nulle ! Cela montre que les équivalents sont beaucoup moins flexibles que les DL. 




En s'aidant du premier piège, on en découvre un deuxième. Les équivalents ne s'additionnent pas !! Voilà encore une différence avec les DL.




Cela donne l'occasion de voir une preuve fausse pour l'addition des équivalents. L'erreur vient de la mauvaise compréhension de la notion de $o(1)$. On ne peut pas factoriser par $(1+o(1))$ car ce n'est pas une fonction mais une classe d'équivalence... 




Cependant les équivalents ont le bon goût d'être stable par produit.




et aussi par quotient.







Un dernier piège, les équivalents ne sont pas stables par passage à l'exponentiel.

dimanche 2 décembre 2018

Montrer la stricte croissance

La question de la stricte-monotonie est centrale en mathématique. Elle permet d'obtenir des bijections et aussi de passer à l'étude des fonctions inverses. Elle est souvent mal-traitées dans les copies de première année mais aussi en préparation au CAPES.

Quite à prendre $-f$, on se limite au cas croissant. On commence par une remarque

Proposition 1 : Soit $f:[a,b]\to \mathbb{R}$ une fonction continue. $f$ est strictement croissante sur $[a,b]$ si et seulement si elle est strictement croissante sur $]a,b[$.

Preuve : Un sens est trivial. On suppose qu'elle est strictement croissante sur $]a,b[$. On traite le cas $[a,b[$. Pour tout $a<x<y$, on a \[f(x)<f((x+y)/2)<f(y).\] En laissant $x\to a^+$, on obtient alors, par continuité de $f$ que
\[f(a)\leq f((a+y)/2)\leq f(y).\]
Les inégalités sont larges car il y a un passage à la limite. Maintenant comme $(a+y)/2<y$ et les deux points sont dans $]a,b[$ et que $f$ est strictement croissante sur $]a,b[$, on en déduit : 
\[f(a)\leq f((a+y)/2)<f(y).\]
En particulier, pour tout $y\in ]a,b[$, $f(a)<f(y)$ donc $f$ est strictement croissante sur $[a,b[$. On procède de manière similaire en $b$. QED

Remarque : La même preuve (en plus simple) donne

Proposition 1' : Soit $f:[a,b]\to \mathbb{R}$ une fonction continue. $f$ est croissante sur $[a,b]$ si et seulement si elle est croissante sur $]a,b[$.

On passe maintenant au second point.

Proposition 2 : Soit $f:[a,b]\to \mathbb{R}$ une fonction continue et dérivable sur $]a,b[$. $f$ est croissante sur $[a,b]$ si et seulement si $f'(x)\geq 0$ pour tout $x\in]a,b[$.

Preuve : Au vu de la proposition 1', il suffit de démontrer que $f:]a,b[\to \mathbb{R}$ est croissante si et seulement si $f'(x)\geq 0$ pour tout $x\in]a,b[$.

Supposons la croissance. Soit $x\in ]a,b$
\[f'(x) = \lim_{y\to x} \frac{f(y)-f(x)}{y-x}\]
Or $f(y)-f(x)$ est du même signe que $y-x$ car $f$ est croissante. On en déduit que $f'(x)\geq 0$ pour tout $x\in ]a,b[$.

Supposons maintenant que $f'(t)\geq 0$ pour tout $t\in ]a,b[$. Soit a<x< y<b, Par le théorème des accroissements finis on a qu'il existe $\alpha \in [x,y]$ tel que 
\[f(x)-f(y) = f'(\alpha) (x-y).\]
en particulier $f(y)\geq f(x)$. C'est-à-dire que $f$ est croissante. QED

On regarde maintenant le cas de la stricte croissance. Il faut tout d'abord se méfier. Il n'est pas possible d'obtenir un si et seulement avec $f'(x)>0$ sur $]a,b[$. En effet, prenons par exemple $f(x)=x^3$ sur $]-1,1[$. Cette fonction est strictement croissante mais la dérivée s'annule en $0$.

Nous obtenons donc une seule direction. 

Proposition 3 : Soit $f:[a,b]\to \mathbb{R}$ une fonction continue et dérivable sur $]a,b[$. $f$ est strictement croissante sur $[a,b]$ si $f'(x)> 0$ pour tout $x\in]a,b[$.

Preuve : Supposons que $f'(t)\geq 0$ pour tout $t\in ]a,b[$. Soit a<x< y<b, Par le théorème des accroissements finis on a qu'il existe $\alpha \in [x,y]$ tel que 
\[f(x)-f(y) = f'(\alpha) (x-y).\]
en particulier $f(y)>f(x)$. C'est-à-dire que $f$ est strictement croissante. QED

La Proposition 3 permet de montrer le résultat plus général suivant :

Proposition 4 : Soit $f:[a,b]\to \mathbb{R}$ une fonction continue et dérivable sur $]a,b[$. Si 
$f'(x)> 0$ pour tout $x\in]a,b[$ sauf pour un nombre fini de points alors $f$ est strictement croissant.

Preuve : Soit $x_0:=a$, $x_{n+1}:=b$ et $(x_i)_{i=1, \ldots, n}$ les points où la dérivée s'annule. On applique la Proposition 3 sur $[x_i, x_{i+1}]$ avec $i\in \{1, \ldots, n\}$. On obtient la stricte croissante sur chacun de ces intervalles et on déduit le résultat.  QED

Petit exercice de 5 ème... En Roumanie !

L'exercice est donné comme suit, sans indication.

Montrer que
\[22\left( \frac{1}{1+2} + \frac{1}{1+2+3}+\ldots +\frac{1}{1+\ldots+10}\right)\]
est un entier.

On peut montrer que cela vaut 18.

plus bas indications !


























Pour ceux qui bloquent, il faut utiliser tout d'abord les sommes arithmétiques et se rappeler ce que vaut
\[\frac{1}{n}- \frac{1}{n+1}.\]

Généralisation : Montrer que

\[(n+1)\left( \frac{1}{1+2} + \frac{1}{1+2+3}+\ldots +\frac{1}{1+\ldots+n}\right)\]
est un entier (et cela vaut $(n-1)$).

lundi 26 novembre 2018

Sujet du DS et correction


Dans la première partie du sujet on redémontre l'algorithme de Newtow. On calcule aussi la vitesse de convergence. 

Dans la deuxième partie, on montre que la suite donnée par $\cos(n)$ ne converge pas mais qu'elle converge au sens de Cesàro.

(Cliquez sur les images pour avoir une meilleure définition)




















vendredi 9 novembre 2018

Sur l'accordage des instruments

Vidéo très bien faite sur les problèmes (et la solution moderne !) d'accordage des instruments.


mercredi 7 novembre 2018

Approximation de ln(2) - méthode des trapèzes

Nous continuons le brassage des techniques de calculs (qui ne sera pas exhaustive...) de $\ln(2)$. On a vu dans le post précédent que l'on peut voir
\[\ln(2)=\int_0^1 \frac{1}{1+x}dx.\]
Il y existe toute une "jungle" de méthode d'approximation pour le calcul d'une intégrale. Stricto-senso, les sommes de Riemann sont au programme de l'écris du CAPES et pas les autres méthodes.



Parlons rapidement de la méthode des trapèzes. Comme on peut le deviner, au lieu d'approcher l'aire à l'aide de rectangles, on s'aide de trapèzes. On peut consulter wiki pour une introduction.


Ces deux méthodes sont implémentées dans geogebra : SommeRectangles et SommeTrapèzes.

Etant donnée une fonction $f$ continue sur $[a,b]$, pour $\int_a^b f(x)\,dx$, avec $n\in \mathbb{N}$, on l'approche par 
\[S_n(f):=\frac{b-a}{n} \left( {f(a) + f(b) \over 2} + \sum_{k=1}^{n-1} f \left( a+k \frac{b-a}{n} \right) \right)\]
Si $f\in C^2([a,b])$, grâce au théorème des accroissements finis, il n'est pas très difficile de montrer que
\[\left|\int_a^b f(x)\,dx - S_n(f)  \right| \leq \frac{(b-a)^3}{12n^2}\max_{x\in [a,b]}|f''(x)|.\]
Contrairement à la méthode des rectangles, celle-ci est d'ordre $2$. Cependant elle s'appuie sur une hypothèse un peu plus forte, $C^2$ au lieu de $C^1$.

Revenons à notre exemple fil rouge. On a
\[S_n^{trap}:=\frac{1}{n} \left( \frac{3}{4} + \sum_{k=1}^{n-1} \frac{1}{1+ \left( \frac{k}{n} \right) }\right) = \frac{3}{4n} + \sum_{k=1}^{n-1} \frac{1}{n+ k}\]
avec une erreur de
\[\frac{1}{6n^2}.\]
Pour avoir une précision à $10^{-9}$ près il suffit de prendre $n\geq \sqrt{10^9/6}\geq 12910$. Cela est vraiment meilleur que pour la méthode des rectangles qui demandait $10^9$ termes pour la même précision. Cependant, cela reste encore très grand comme nombre.

On rappelle qu'avec la méthode des rectangles on avait obtenu:
\[S_n^{rect}:=\sum_{k=1}^{n} \frac{1}{n+ k}.\]
Si l'on compare les deux on obtient:
\[S_n^{trap} = S_n^{rect} -\frac{1}{4n}.\] 
On peut résumer cette comparaison par :
\begin{align*}\ln(2)&= \sum_{k=1}^{n} \frac{1}{n+ k} + O\left(\frac{1}{n}\right)\\ &=-\frac{1}{4n} + \sum_{k=1}^{n} \frac{1}{n+ k} + O\left(\frac{1}{n^2}\right), \end{align*}
quand $n\to \infty$. Cela rappelle fortement un développement limité...

Pour aller plus loin on pourra par exemple consulter le site de Serge Mehl et regarder la méthode de Simpson qui est d'ordre 4. 

mardi 6 novembre 2018

Approximation de ln(2) par les sommes de Riemann

Nous allons maintenant changer de stratégie et approcher $\ln(2)$ à l'aide d'une autre suite. 

On commence par un rappel. Soit $f\in C([a,b])$ et $n\in \mathbb{N}^*$, on pose 
\[S_n(f):= \frac{1}{n}\sum_{k=1}^n f(a + k(b-a)/n).\]
Quand $n\to\infty$, on a que $S_n$ tend vers $\int_a^b f(t) dt$. Voir par exemple ici pour une preuve. En fait $S_n$ est une somme de Riemann associé à $f$, elle correspond à prendre la valeur de $f$ aux points de droite (car la somme commence par 1 et fini par $n)$ pour approcher l'intégrale. Pour avoir les points de gauche, il aurait fallut prendre $k=0,...,(n-1)$.

Considérons $f(x):=\frac{1}{1+x}$ sur $[0,1]$. On voit que $\int_0^1 f(t) dt= \ln(2)$ qui est la valeur qui nous intéresse. La suite $S_n$ est donnée, quant à elle, par 
\[S_n= \frac{1}{n} \sum_{k=1}^n \frac{1}{1+ k/n}=  \sum_{k=1}^n \frac{1}{n+ k}.\]
Il nous reste à estimer l'erreur d'approximation. On pose $x_k:= 1+k/n$. On utilise le théorème des accroissements finis sur chaque intervalle $[x_k, x_{k+1}]$. On obtient :
\begin{align*}|S_n - \ln(2)|&= \left|\frac{1}{n} \sum_{k=1}^n f(k/n) - \int_0^1 f(t) dt \right|\\&=  \left| \sum_{k=1}^n \left( \left(\frac{k}{n} - \frac{k-1}{n}\right)f(k/n) - \int_{\frac{k-1}{n}}^{\frac{k}{n}} f(t) dt\right)\right|\\ & =\left|\sum_{k=1}^n  \int_{\frac{k-1}{n}}^{\frac{k}{n}} (f(k/n) -f(t)) dt\right|\\ &\leq \sum_{k=1}^n  \int_{\frac{k-1}{n}}^{\frac{k}{n}} \left|f(k/n) -f(t)\right| dt\\ &\leq \sum_{k=1}^n  \int_{\frac{k-1}{n}}^{\frac{k}{n}}\sup_{s\in [(k-1)/n, k/n]}|f'(s)| \left|k/n-t\right| dt\\ &\leq \sup_{s\in [0,1]}|f'(s)| \sum_{k=1}^n   \int_{\frac{k-1}{n}}^{\frac{k}{n}} \frac{1}{n} dt = \frac{1}{n} \sup_{s\in [0,1]}|f'(s)| = \frac{1}{n}.\end{align*}
La convergence est du même ordre que celle obtenue par la série alternée. Elle est très lente.

Remarque : Cette méthode est générale et marche car $f$ est $C^1$. Plus généralement on a que \[\left|S_n(f)- \int_a^b f(t) dt\right| \leq\sup_{s\in [0,1]}|f'(s)|\frac{b-a}{n}.\]


lundi 5 novembre 2018

Digression autour du post sur ln(2) - série entière

Dans le post sur $\ln(2)$, on a vu que le développement de Taylor convergeait très lentement. Il convient alors de commenter ce manque de convergence.

On pose $f(z)= \sum_{k=1}^\infty a_n z^n$ la série entière donnée par $a_n=1/n$. On rappelle que le rayon de convergence est donné par :
\[R = \sup\left\{|z|: z\in\mathbb{C},\sum a_n z^n \text{ converge simplement }\right\}\in\, [0,+\infty].\]

Tout d'abord on a vu ici que $f(-1)= -\ln(2)$, donc le rayon de convergence est plus petit ou égal à $1$. D'un autre côté $f(1)$ n'existe pas, c'est la série harmonique qui diverge. Donc le rayon de convergence est plus grand ou égal à $1$. Il vaut exactement $1$.

On aurait pu trouver le rayon de convergence en utilisant le critère d'Alembert. On peut aller ici pour se rafraichir la mémoire. 

En effet on a $\lim_{n\to \infty} \frac{a_n}{a_{n+1}}=1 = 1/R$.

On sait aussi que la série donnée par $f(z)$ converge absolument pour tout $z\in D(0, R)$, disque ouvert de rayon $R$. En particulier si $z$ est dans ce disque, $C(z):=\sup_n |a_n| |z^n|<\infty$, car le terme général d'une suite convergente est borné (et tend vers $0$). 

On pose $f_N(z):= \sum_{k=1}^N a_n z^n$ et on regarde sa vitesse de convergence vers $f(z)$. On utilise une couronne de sécurité. On a que $|z|<(|z|+R)/2<R$. On voit : 
\begin{align*} |f(z)- f_N(z)|&\leq \sum_{k=N+1}^\infty |a_n| \left(\frac{|z|+R}{2}\right)^n \left(\frac{2|z|}{|z|+R}\right)^n\leq C(z) \sum_{k=N+1}^\infty \left(\frac{2|z|}{|z|+R}\right)^n \\&=C(z)\frac{\left(\frac{2|z|}{|z|+R}\right)^{N+1}}{1- \left(\frac{2|z|}{|z|+R}\right)}\end{align*}
Car c'est une suite géométrique de raison strictement plus petite que $1$. 

La convergence à l'intérieur du disque de convergence de la somme partielle d'ordre $N$ vers sa limite est donc de l'ordre de $N+1$. Cela est rapide. 

Dans le post sur $\ln(2)$, la lenteur de la convergence des sommes partielles vient du fait que l'on est sur le bord du disque de convergence.

Approximation de ln(2)

Nous utilisons maintenant la formule de Taylor avec reste intégrale qu'on vient de revoir. Il y a deux grands exercices classiques. Le premier est pour montrer que la somme exponentielle converge bien vers l'exponentielle (qui est par exemple définie par une équation différentielle). Par exemple cela est fait ici.




Avant de passer à Taylor à l'ordre $n$, il convient de trouver la dérivée $n$-ième de $x\mapsto \ln(1+x)$.




Ici, la récurrence ne pose pas de problème technique. Cependant, il est important d'éviter les horreurs telles que $(f(x))'$ qui vaut $0$ (car c'est une constante !!) et non $f''(x)$. 







On écrit ensuite la formule de Taylor avec reste intégral.




La photo est malheureusement floue. Ici on estime le reste intégral. On majore en mettant la valeur absolue sous l'intégrale.




Il est hors de question de calculer cette intégrale car elle vaut $\ln(2)$ moins la somme et nous apporte donc rien, on retourne sur nos pas. On fait une majoration. 

Quand un quotient doit être majoré, on a "deux" choix. On peut majorer le numérateur ou minorer le dénominateur. Ici il est remarquable que les deux méthodes permettent de conclure.




On choisit la meilleure des deux majorations. Il convient de se souvenir de citer le théorèmes des gendarmes pour être complet. 




On passe ensuite à une application numérique. Pour être précis à $10^{-9}$, il suffit de calculer la somme jusqu'au terme $10^9+1$-ième. Cette méthode est très mauvaise d'un point de vue numérique...

Remarque : On rappelle que la suite $S_n:= \sum_{k=1}^n (-1)^k a_k$ converge si $\lim_{k\to \infty} a_k =0$ (ici $a_k= -1/k$ et tend vers $0$). On appelle $S$ sa limite. C'est une série alternée. De plus, on a que $|S-S_n| \leq |a_{n+1}|$. 

On voit donc que la convergence et l'estimation de la vitesse de convergence aurait pu être obtenue en invoquant la théorie des séries alternées. Cependant, la théorie ne donne pas la limite mais juste une valeur approchée. C'est là qu'intervient l'approche de Taylor avec reste intégral.


Formule de Taylor avec reste intégral

Le but de ce post est de redémontrer la formule de Taylor avec reste intégral en la conjecturant tout d'abord puis la démontrant par récurrence.


Avec l'hypothèse $C^1$, on peut utiliser le théorème fondamentale de l'analyse. On rappelle ici qu'on utilise l'intégrale de Riemann dans le contexte du CAPES.

Pour la deuxième ligne, on utilise l'hypothèse $C^2$ et on fait une intégration par partie. 

Attention ici il y a une astuce. Il faut choisir la bonne primitive pour la fonction constante $1$ et pas prendre bêtement $t\mapsto t$.




On continue notre développement de Taylor. On utilise maintenant l'hypothèse $C^3$. Ici encore, on utilise pas la primitive canonique.




On passe maintenant à la conjecture. On pose l'hypothèse de récurrence. J'attire votre attention sur le fait que l'hypothèse $f \in C^{n+1}(I)$ est dans $P_n$.




Ici, il y a point qui semble déroutant de prime abord. Contrairement à beaucoup des récurrences, ici on commence pas en citant $P_n$. On fait tout d'abord l'hypothèse $f\in C^{n+2}(I)$, qui fait partie de $P_{n+1}$, puis on invoque $P_n$ qui est valide car $f\in C^{n+1}(I)$ en particulier.



On peut enfin conclure.

jeudi 1 novembre 2018

Association Croc en Jambe à l'IMB

Fresque réalisée par l'association Croc en Jambe lors de la journée de rentrée de l'institut de mathématiques de Bordeaux.


samedi 20 octobre 2018

Sur la dérivation de $x\mapsto x^n$

Soit $f: I\to \mathbb{R}$ où $I$ est un interval et $a\in I$.

Le nombre dérivée de $f$ en un point $a$ est donné par
\[\lim_{x\to a} \frac{f(x)- f(a)}{x-a}.\]
Cette limite n'existe pas en générale. S'il existe on le note $f'(a)$. On dit que $f$ est dérivable en $a$.

Quand on demande de calculer le nombre dérivé il faut d'abord montrer que la limite existe avant de mettre le symbole $\lim$ devant le calcul.

Prenons le cas de $f(x)= x^n$ avec $a\in \mathbb{R}$. On a :
\begin{align*}\frac{x^n- a^n}{x-a} &= \frac{(x-a)(x^n + x^{n-1}a + x^{n-2} a^2+\ldots + a^n)}{x-a}\\ &= (x^n + x^{n-1}a + x^{n-2} a^2+\ldots + a^n).\end{align*}
Alors que la limite est indéterminée pour le membre de gauche, il n'est pas légal de mettre le symbole limite de prime abord. Cependant grâce à la dernière ligne, il n'y a plus d'indétermination, je peux donc passer à la limite. On continue la rédaction comme suit:
\begin{align*} \lim_{x\to a}\frac{x^n- a^n}{x-a} &= \lim_{x\to a} \underbrace{x^n + x^{n-1}a + x^{n-2} a^2+\ldots + a^n}_{ n\, {\rm termes}} = n a^n.\end{align*}

Cela étant dit, cette exercice est facile, mais rédactionnel, tant qu'on sait que
\[(x^n- a^n) = (x-a)(x^n + x^{n-1}a + x^{n-2} a^2+\ldots + a^n).\]

Si l'on ne demande pas de preuve et qu'on cherche juste à s'en souvenir, on peut par exemple faire une division euclidienne et voir comment se comportent les premiers termes :


Si l'on ne veut pas se lancer dans une récurrence, on peut aussi redémontrer cela en s'appuyant sur le cours des suites géométriques comme suit :




Correction de l'exercice sur la distance à l'horizon

Préambule : C'est une version alternative à l'article donné ici et qui va un peu plus loin. Il permet de réviser la notion de tangente à une courbe et la caractérisation de l'orthogonalité des droites dans le plan. C'est aussi une bonne application au théorème de Pythagore.